• Blanche

    Fille de Noire, elle naît au Jardin des Plantes, sous le fameux prunus du Jardin des Plantes, cathédrale florale de Paris, quand le printemps exalte sa sève ; elle est le troisième enfant d’un trio. Bientôt, sa mère l’abandonne, furieuse de son indolence et de sa singularité. Elle échoue chez June, madone des félins. Enfin Séverin Marie-Poire l’accueille avant de l’abandonner à la suite de la malédiction de sa vénérable génitrice. Un éditeur, Hélio Muselière, lui offre un havre loin d’être un havre de paix. Mais malgré ses tics, elle s’habitue à lui. L’aime-t-il ? Elle en doute. Elle sait qu’elle devra le quitter un jour. N’est-elle pas fée ? On ne le devient pas. On l’est naturellement. Un jour, à la suite de l’inattention du maître, elle s’esquive. Elle court les rues de la Montagne Sainte-Geneviève, en quête d’un destin que le Veneur des Mondes lui a infligé : elle deviendra Mme des Oublies.

  • Blanche des Oublies

    Celle qu’on appellera la petite Licorne, le farfadet, l’ange, l’impératrice, la lionne, l’immaculée, l’admirable, la diablesse, la créatrice, la Française, l’Esprit pur, la princesse princessons et princessez…, parlera, un jour, aux Français, dans leur langue ; un chat qui articule le langage des hommes suscitera d’abord un mouvement de stupeur universel ; lui succèdera une joie immense, profonde, une véritable épiphanie ; et il se passera peu de temps avant que les Français, bouleversés, et fatigués par leurs mandants, leurs chefs, leurs clowns, leurs « pipels », et tous les untels, la poussent à briguer le poste prestigieux de chef de l’État ; au terme d’une campagne haute en couleurs, la petite Blanche, le farfadet, la demoiselle qu’on avait invitée à tour de bras, accède à l’Élysée, dans une atmosphère quasi-religieuse. Il faut lire le livre pour apprendre comment elle éperonnera cette folie et pour quelle raison, la licorne, le farfadet s’en ira, une nuit, sans demander son reste.

  • Noire

    Mère de Blanche, au fort tempérament, succube selon Séverin Marie-Poire, chérie de Mistress, abandonnera son trio de chatons et reviendra voir sa fille, dans des conditions loufoques. Elle estime que le diable s’est emparé de son enfant et regrette qu’il se soit laissé piéger par les hommes, ces très étranges et dangereux mammifères, dans une histoire à laquelle jamais un félin n’aurait dû se mêler !

  • Plésane Sésaurore

    Amie d’Hélio Muselière, le maître de Blanche, quand elle n’était qu’une miauleuse supposée griffeuse. Elle deviendra la secrétaire de Mme des Oublies. Ses ennemis la surnomment Déplésane Sésoscore, Saligette, Marmarette et lui donnent d’autres noms d’oiseau peu délicieux.

  • Hélio Muselière

    Le narrateur est l’ami-amant, mamourant et tuctuquant, de Plésane Sésaurore, avant qu’il ne la traite de saligette et de marmarette. Éditeur, il cherchera en vain la fée Blanche. Devenue Mme des Oublies, il s’en éloignera, dégoûté par la comédie du pouvoir. On murmure que, quittant l’Élysée, elle reviendra auprès de lui, ombre ou fil blanc désincarné.

  • Mistress

    L’aimable Ogresse, dont le rire, venu de la Lune, troublera l’Univers en entier. En fanfare, il annoncera la révolution extraordinaire qui secouera la France, éprise, à la folie, de Blanche des Oublies. De la rue Cuvier, où elle reçoit le « Cercle du Mardi-gras », aimable compagnie d’ogres, et jusqu’aux manifestations chattantes de la place de la Concorde, son rire phénoménal n’aura de remède que sous l’eau qu’on versera à plein seaux, chez elle, chez Hélio Muselière, sur les avenues de Paris, à la salle des Fêtes de l’Élysée !

  • Séverin Marie-Poire

    Le plus fameux des ogres du « Cercle du Mardi gras ». Homme des Îles, amoureux fou de la monarchie française, a élu domicile à Versailles, non loin de son symbole absolu. Sa bedaine proverbiale et son nævus, telle une poire violette sous l’œil, en font l’homme le plus couru de l’Hexagone. Il hait Noire, la mère de Blanche ; lorsque celle-ci trouve refuge, chez lui, encore bébé, avec ses frères, il l’appelle Mlle de Montpensier ; un jour, sa mère lui déclare qu’une chatte blanche, est signe de malheur. Il la renvoie sans ménagement, ne sachant pas qu’il a offensé la future Présidente de la République française. Il la reverra plus tard lors des réjouissances offertes, après la restauration de la République, qu’on appellera les « Huit Lustres ». Il y rencontrera une naine, la marquise de Plissuré-Vaucalin ; elle partage ses idéaux ; ils formeront le couple mythique de la France contemporaine.

  • Digdug Swirlup (Mr)

    Le premier homme qui entendit Blanche s’exprimer en mots humains. Mourant de faim, la chatte qui avait élu domicile, square René-Le-Gall, exilée et sans domicile fixe, lui avait dit qu’elle désirait manger. Après son épouvantement, Digdug Swirlup la rassasie et lui offre une longue hospitalité. La chatte la mettra à profit pour se refaire une santé et pour penser son prochain saut dans l’arène publique. Digdug Swirlup préparera les séances de communication en vue de sa présentation au monde. Parce qu’Américain, il se fera mal voir des Français et demeurera suspect de s’enrichir sur le dos de la Miraculée. Blanche des Oublies conclura avec lui un pacte de non-agression au terme duquel elle partagera ses royalties à raison de sa présence auprès d’elle. Il préparera son voyage triomphal aux États-Unis et, particulièrement, la soirée légendaire à l’Académie des Arts du Cinéma de Los Angeles.

  • June

    Madone des chats, très Britannique en ses choix et en son pittoresque, après avoir subi les affres de Pédro le Péruvien, qui l’offensera en déposant sur sa chevelure une odieuse poix, elle recueillera les trois chatons en son studio où s’ébattent déjà trente autres chats. Mais ses difficultés financières l’obligeront à faire héberger les deux mâles chez l’ogre Marie-Poire ; ainsi, l’ex-Maya, l’ex-Mme de Montpensier à Versailles, deviendra Blanche des Oublies chez son ami Hélio Muselière. Nous retrouverons June aux grands jours de la République chattante, d’abord lors de la fameuse manifestation, place de la Concorde ; ensuite, quand elle apporte Noire chez sa fille, devenue Mme la Présidente ; enfin, lors des festivités célébrant l’effondrement de la Contre-révolution rattante, qu’on baptisera, dans les livres d’Histoire, « Les Huit Lustres ».

  • String Stringly

    Fatigué d’être un « street painter », ― après les grandes émotions populaires dues au parlage humain de Mlle des Oublies, logée aux frais du contribuable en l’hôtel des ducs de Saint-Sinople ― Stringly donc s’est fait remarquer par Plésane Sésaurore, parmi les milliers de badauds venus acclamer la chatte et sa féerie. Il deviendra le gouverneur du palais mais conduira d’abord Mlle des Oublies dans Paris, non sans difficulté, avant de devenir son chauffeur officiel quand elle accèdera aux plus hautes responsabilités de l’État.

  • Blaisette Mavieuse-Rieuse

    Dite la Mavieuse, ancienne sociétaire à la Comédie française, voisine de June, aux cheveux bleus, tranchés de violet, elle offre à Blanche des Oublies, sept longues leçons de diction française ; elles permettront à la fée d’articuler plus ou moins correctement une langue qui, jusque lors, s’étendait sur deux registres, en « îîîîîîîîî » et en « uûûûûûû ». Sept : chiffre magique ! D’un matériau ingrat, la Mavieuse a su tirer le chef-d’œuvre d’une voix étrange et unique qui permettra à la chatte de passer au ciel des fixes de l’humanité. « Si un lion pouvait parler » s’est demandé, dubitatif, un philosophe. Blaisette Mavieuse-Rieuse a touché le sceptre d’or d’un autre félin… qui a bien voulu complaire aux pressions et aux enfantillages de la société.

  • Whitesheep Crewdirst

    Est l’ami d’Hélio Muselière, le maître de Blanche, avant que le Veneur des Mondes ne la transforme en Blanche des Oublies. Vieux garçon maniéré, il l’aide à traduire ; il est moqué par Plésane Sésaurore. Sa mère, Trifafa Naslopy Crewdirst, la doyenne des centenaires aux États-Unis, appelle Mme des Oublies « la Putain de Paris ».

  • Solace de Ploptato

    Préfet de Paris et ennemi déclaré de Blanche des Oublies, fera tout ce qui sera en son possible pour mettre un frein à la carrière de la chatte. Dépassant les bornes, il sera remisé par le ministre de l’Intérieur, Flamboir Toussetédent et sera invité à faire valoir ses droits à la retraite. À partir de cet incident, il n’aura de cesse de s’opposer au règne de Blanche des Oublies. Elle lui inspirera une horreur absolue. Il se fera, dans sa feuille, Journal d’une imposture, le porte-parole d’un mouvement de pensée, bientôt transformé en opposition politique féroce. Il se compromettra avec d’autres chefs du club des Chiéneux ; auteur d’un complot visant la sécurité de l’État, que Mme des Oublies noiera dans le sang, en vertu de l’article 16 de la Constitution française, il sera condamné à la peine de prison à perpétuité.

  • Parichonne de Ploptato

    Âme damnée de Solace, son époux, dite aussi Mme « Concombre ». « Lui avec son visage jaune ou ocre selon ses poussées biliaires, elle avec des allures de concombre verdâtre plutôt talé, ils réunissent les plus mortifiantes formes végétales récupérées par notre espèce ! Une salade de printemps cuite et aigrelette ! », écrit le narrateur de Blanche des Oublies. Ennemie jurée de la chatte, elle sera de toutes attaques, notamment dans sa feuille Journal d’une imposture et de tous les complots, l’ultime conduisant aux « Huit Lustres », qui lui vaudra une lourde condamnation judiciaire.

  • Usange de Torpoëllé

    Fait son apparition quand l’Université commence à s’émouvoir du tour pris par « l’oubliesmania », cette folie qui irrigue l’imaginaire des Français et, singulièrement, depuis que l’on évoque, à mots clairs, le souhait de voir la chatte briguer un mandat à la présidence de la République. Un article, dans L’Onde, ne passe pas inaperçu. Torpoëllé adjure ses concitoyens de se reprendre et de laisser les émotions esthétiques au vestiaire. La France, dans ses profondeurs, se rebiffe. Mais Solace et Parichonne de Ploptato ainsi que Mélévent Trintrouille veillent au grain et rallient l’impétrant à leurs vues. Torpoëllé deviendra « chiéneux » et mordra à la tentation de l’attentat contre la souveraineté de Mme des Oublies. Jugé pour « haute trahison », il finira ses jours en prison.

  • Sauveur Sansonnet

    Est en charge de l’autorité suprême de la République française, à l’heure où Blanche des Oublies monte au firmament de l’Histoire. Il fait le déplacement, jugé humiliant, qui l’oblige à se rendre chez la chatte, dans l’appartement de Digdug Swirlup. Ses mots, lors de leur rencontre : « ― Ah ! il m’est agréable, madame, de vous faire sentir le cœur de la France et je vous l’offre » feront le tour du monde mais susciteront l’ironie féroce du félin. Il décidera de se représenter aux présidentielles mais il sera balayé par l’apothéose de Blanche des Oublies. Il trouvera humiliante sa sortie du pouvoir par la petite porte.

  • Mélévent Trintrouille

    Orateur à l’Assemblée nationale, sera le chef de l’opposition à sa « Félinité, BDO ». Chef du parti « chiéneux », il livrera une bataille féroce à la Présidente. Sa première visite chez le chef de l’État est une page d’anthologie. Accompagné de son chien, excité par une chatte qu’il dévorerait si son langage ne l’affolait pas, il y professe sa foi : plus vite Mme des Oublies quittera le pouvoir et au mieux la France se relèvera. Il trempera dans la sédition qui aboutira aux « Huit Lustres » et aura à affronter les foudres de la justice.

  • Doséflore Chalosaule

    La trentaine, est l’une des animatrices du think tank qui avait poussé Blanche des Oublies à la candidature suprême. Choisie pour ses compétences, son abattage et ses qualités de négociatrice, elle devient le chef du gouvernement de la chatte dans le premier cabinet de la République chattante. Elle estimera avoir mené sa mission après le relèvement de celle-ci, une fois le coup d’État des opposants écrasé et les milliards de rats jetés dans les rues de Paris écrabouillés par les chars de sa Félinité et la proclamation, ainsi que l’acclamation des Huit Lustres.

  • Sissin Pitulle-Galinchillu

    Membre du Cercle de la Tartarie, compagnie de géants de plus de deux mètres, comme il y a aussi, à Paris, le fameux « Cercle du Mardi gras » qui réunit des ogres de deux quintaux, Sissin, conseiller d’État, repéré par Doséflore Chalosaule, succède à celle-ci, lorsque Mme des Oublies, après avoir séjourné à Vincennes et à Rambouillet, revient à l’Élysée, une fois effacés les stigmates de l’agression de centaines de millions de rats, bras armé des comploteurs. Avec Sissin Pitulle-Galinchillu, Mme des Oublies rétablit intégralement les libertés fondamentales, suspendues par l’article 16 de la Constitution. Mme des Oublies, gagnée par Dame Fatigue, éprouvée par ses rêves ― le peuple des rats l’accuse de génocide ― décide, un soir, de quitter le pouvoir en s’esquivant très discrètement. Sissin Pitulle-Galinchillu en fait part aux Français. Démis de ses fonctions par un nouvel exécutif, il quitte la galerie des gros, des grands. La France retrouve, après de si hautes couleurs, ses textures habituelles.



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