Aux origines


Au Jardin des Plantes, à Paris. Une chatte noire, en chaleur, s’offre. Un ange passe et ricane. Du trio de chatons blancs, issu de cette aventure, une femelle conduira la France à une révolution inattendue. Les Français se passionnent pour la fée qui parle leur langue. « Blanche des Oublies », ainsi nommée par le second de ses maîtres, sera le premier mammifère, hors la lignée humaine, à accéder à la magistrature suprême. Cette minette au Verbe ironique saura-t-elle éviter les pièges ? Ce conte moderne — une chatte et des hommes — est servi par une somptueuse suite picturale.

Marianne des temps modernes, Blanche des Oublies est une histoire d’amour, une passion, une complicité qu’irriguent l’ironie et le silence magnétique du chat ; ses amoureux peuvent en témoigner, et ils l’ont fait d’un million de manières, tant la bibliothèque féline s’enorgueillit de son abondance et de sa diversité.

Blanche, fastueuse compagne, passe l’invisible frontière du féerique, éperonne la raison et les cœurs, épouse la République, la préside, puis la quitte. Pour en faire un conte, entendez une geste, l’écriture en tant que telle aurait peut-être suffi. Mais l’autre écriture, la picturale, s’est révélée indispensable : par les couleurs, l’impensable s’est fait terrestre, le rêve s’est doté d’une capacité ; il convenait que la fonction illustrative se fasse épique. Ellis A.Ware s’en est acquitté avec un souci du détail stupéfiant. Son regard acidulé est plein d’allant. Son engagement en faveur de cet édifice a été total. Les centaines de personnages à qui il a offert vie, dans ses grandes fresques, en donnent idée.

Mallarmé écrivait : le chat passe de la divinité au lapin. Bardé ici de la plus haute dignité de l’État, il vous enchantera.



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